L'ÉCOLE MILITAIRE INTERARMES



Texte original de « La Prière »

Je m'adresse à vous, mon Dieu
Car vous seul donnez
Ce qu'on ne peut obtenir que de soi.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qu'il vous reste,
Donnez-moi ce qu'on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos
Ni la tranquillité
Ni celle de l'âme ni celle du corps.
Je ne vous demande pas la richesse
Ni le succès ni même la santé.
Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement
Que vous ne devez plus en avoir.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qu'il vous reste,
Donnez-moi ce que l'on vous refuse.
Je veux l'insécurité et l'inquiétude,
Je veux la tourmente et la bagarre,
Et que vous me les donniez, mon Dieu,
Définitivement,
Que je sois sûr de les avoir toujours,
Car je n'aurai pas toujours le courage
De vous les demander.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qu'il vous reste,
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas,
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la foi
Car vous seul donnez
Ce qu'on ne peut obtenir que de soi.




Témoignage (extrait) de Christian Bernachot
(rédigé en 2008 ou 2009) sur les circnstances de la création, en 1961, de « La Prière ».

[...]

Voici comment et pourquoi j'ai été amené à le [NDR : le chant] créer.

— Nous sommes en septembre 1961, nous intégrons Coëtquidan après avoir été admis par concours à l'ÉSMIA. Le journal officiel publie cette intégration en juillet ou en août. Or, après notre arrivée à Coëtquidan, nous apprenons qu'étant issus des corps de troupe nous serons désormais séparés des élèves issus du concours direct. Nous constituons une autre école : l'ÉMIA.

Cette décision nous atterre, mais notre réprobation ne reçoit aucun écho auprès de la hiérarchie, totalement tétanisée par l'atmosphère délétère qui empoisonne l'armée du fait du drame algérien. Par ailleurs, l'époque n'est pas aux recours devant les juridictions compétentes pour annuler une telle décision.

— 1961, le processus du retrait de l'Algérie est bien envisagé, le putsch des généraux a eu lieu en avril, l'OAS nourrit la révolte et a ses ramifications en métropole dans les milieux d'officiers activistes.

Issus des corps de troupe, nous avons tous été confrontés, à des degrés divers, à cette effroyable histoire. Pour ceux qui, comme moi, ont servi dans des unités d'intervention (10e et 25e DP), tous les repères sont écroulés. Certains chefs que nous vénérions sont mutés, quittent l'armée ou sont contraints à démissionner.

— Dans ce climat épouvantable, mais après avoir été nourris des traditions de Saint-Cyr pendant notre année préparatoire à Strasbourg au PPESMIA, notre promotion se retrouve à Coëtquidan nue comme un ver. Rien n'est prévu pour elle. Pire même, nous sommes tout de suite parqués dans des bâtiments vétustes du vieux camp, très à l'écart de nos camarades de l'ÉSM. Bref, pour ne pas être trop long, je passerai sur tous les détails de cette désillusion, mais elle fut énorme et particulièrement frustrante et vexatoire.

Sur le plan traditionnel, bien sûr, c'est le néant. Rien n'est prévu à part une remise de drapeau de l'école programmée pour la fin du 1er trimestre.

...


Voir la suite du témoignage de Christian Bernachot.



...

Un soir, dans la chambre, devant quelques camarades je me suis mis à fredonner sur l'air de « Marengo » (marche consulaire) les quelques paroles du superbe poème de Zirnheld dont je me souvenais pour l'avoir lu quelque part à la brigade de parachutistes coloniaux.

Cet arrangement, totalement improvisé (je ne disposais ni du texte de cette prière, ni de la musique de Marengo), me semblait spontanément illustrer nos états d'âme perturbés par les deux traumatismes que je viens d'évoquer :

— perte des traditions napoléoniennes de Saint-Cyr (illustré par cette musique de la marche de Marengo) ;

— esprit para (illustré par cette prière de Zirnheld) si dénigré en raison du drame algérien.

Les quelques camarades de chambrée qui m'écoutaient sont séduits par cette improvisation. Ils se décident de l'écrire en l'état pour la proposer au commandement comme premier chant de tradition.

Le chef de bataillon Verguet qui commandait l'ÉMIA nous reçoit le lendemain dans son bureau. Officier parachutiste glorieux du 1er REP, il est enthousiasmé par ce chant qu'il écoute avec une réelle émotion... C'était parti : ce chant sera dès lors interprété à toutes les occasions qui en offriront l'opportunité. À partir d'une bande magnétique d'un vieux magnétophone, je procède à la réalisation d'un petit disque.

En Juillet 1962 je me rendais à Paris chez Madame la maréchale de Lattre de Tassigny pour obtenir une dédicace...

Cependant, je crois pouvoir affirmer que cette prière ne s'intégrera vraiment dans les traditions de l'ÉMIA que quelques semaines plus tard lorsque, à l'occasion de la grande cérémonie nocturne organisée pour la remise de nos épaulettes de sous-lieutenant, ce chant sera interprété sur le Marchfeld par toute la promotion et magistralement accompagné par la centaine de musiciens de la musique des Troupes de Marine.

Ce fut sans aucun doute un grand moment.

[...]


SITUATION ACTUELLE

Tous les officiers de l'armée de terre, quels que soient les origines de recrutement (directe ou semi-directe), les carrières envisagées (longue ou courte), les statuts (active ou réserve), les spécialités d'emploi (encadrement, technique ou administration) suivent une formation initiale aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan.

En 2021, ces écoles sont regroupées dans l'« Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan ». Son objectif est de donner à l’armée de Terre les chefs dont elle a besoin demain pour faire face aux chocs les plus durs, dans un monde imprévisible et en mutation rapide.

L'académie s’appuie pour cela sur un modèle éprouvé de formation intégrée : un jeune élève officier devient d’abord un soldat, puis un meneur d’hommes et enfin un officier conscient de la complexité du monde et de la singularité de ses responsabilités, capable de concevoir, décider et agir en toutes circonstances.

Chaque école de l'académie a une vocation propre : l'« École spéciale militaire de Saint-Cyr » (ÉSM), chargée des élèves du recutement externe comporte trois bataillons, un par année de formation ; l'« École militaire interarmes » (voir ci-dessous) et l'« École militaire des aspirants de Coëtquidan » (ÉMAC) pour divers stages de formation des officiers sous contrat (encadrement, spécialistes, pilotes et officiers de réserve).

Insigne de l'École Militaire Interarmes

Insigne de l'École militaire interarmes

L’École militaire interarmes (ÉMIA) assure la formation initiale des officiers des armes recrutés par voie interne dans le corps des sous-officiers et parmi les engagés volontaires de l’armée de terre.

Elle se compose de deux promotions simultanément présentes, le cursus de formation comprenant deux années.

Les officiers issus de l'ÉMIA sont destinés à encadrer les unités opérationnelles de l’armée de terre, puis à assumer des responsabilités croissantes d’encadrement, voire de conception et de direction au sein de l’armée de terre, de la Défense et des états-majors multinationaux.

L'ÉMIA forme chaque année jusqu'à une centaine d'officiers. La formation pluridisciplinaire, articulée par semestres sur deux ans, alterne études académiques et instruction militaire. L'école délivre un grade de licence reconnu par le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER).

La formation initiale du jeune officier est ensuite complétée par les enseignements spécialisés en école d’application, suivant les différentes armes choisies à la sortie de l'ÉMIA.

Actuellement, pour intégrer l'ÉMIA, il faut être au minimum bachelier, avoir moins de 35 ans et au moins trois années de service comme sous-officier ou engagé volontaire.

L'ÉMIA assure aussi, en première année, la formation initiale des officiers du corps technique et administratif de l'armée de terre avant leur formation de spécialité en école d'application.

HISTORIQUE

Dès avant la Révolution, certains sous-officiers, particulièrement méritants, ont pu accéder à « l'épaulette ». Mais ces promotions restèrent longtemps occasionnelles.

Cependant, le principe étant acquis, il devait aboutir, vers 1880, à la création des écoles d'armes destinées à former les officiers provenant du corps des sous-officiers. Ces écoles prirent le nom des villes qui les ont accueillies. Ainsi Saint-Maixent, Poitiers, Versailles et Saumur formèrent de nombreuses promotions d'officiers.

La défaite de 1940 et l'occupation de la zone libre en 1942 devaient entraîner la disparition des écoles d'armes. En Afrique du Nord est créée à Cherchell-Médiouna une école de remplacement : l'École des élèves-aspirants. À la fin de 1944, cette école prend le nom d'École militaire interarmes.

Elle s'installe à Coëtquidan en 1945. École unique de formation des officiers de l'armée de terre, elle est renommée École spéciale militaire interarmes (ÉSMIA) en 1947. Cette solution ne devait pas résoudre le problème posé par la formation d'élèves-officiers d'origines différentes.

En 1961, l'ÉSMIA est dissoute et cède la place à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr et à l'École militaire interarmes, chacune ayant son drapeau, son esprit et son uniforme particulier. Les élèves de l'ÉMIA sont alors recrutés sur concours, au terme d'une année passée en peloton préparatoire à l'École militaire de Strasbourg.

En 1986, la réforme de la formation initiale supprime la préparation de l'École militaire de Strasbourg, porte la scolarité à deux ans et augmente l'ancienneté requise à l'admission.

TRADITIONS

En 1967, l'ÉMIA reçoit officiellement en héritage la devise de l'ancienne École militaire d'infanterie et de chars de combat de Saint-Maixent :

« Le travail pour loi, l'honneur comme guide »

Cette devise, héritée de l'École militaire d'infanterie qui l'avait reçue en 1922, avait été léguée successivement à la « Saint-Maixentaise », puis à « L'Épaulette », alors association des anciens éléves officiers d'active.


Le chant de tradition de l'ÉMIA est :

« La Prière »

Mon Dieu, donne-moi la tourmente !
Donne-moi la souffrance !
Donne-moi l'ardeur au combat
Mon Dieu, Mon Dieu, donne-moi la tourmente
Donne-moi la souffrance
Et puis la gloire au combat
Et puis la gloire au combat.

Ce que les autres ne veulent pas
Ce que l'on te refuse
Donne-moi tout cela, oui tout cela.
Je ne veux ni repos, ni même la santé
Tout ça, Mon Dieu, t'est assez demandé.

Mais donne-moi
Mais donne-moi
Mais donne-moi la foi
Donne-moi force et courage
Mais donne-moi la foi
Pour que je sois sûr de moi.

Adaptée et chantée sur la musique solennelle de la « Marche Consulaire à Marengo » par l'élève-officier Bernachot, de la promotion « Capitaine Bourgin », première promotion de l'ÉMIA (1961-1962) après la suppression de l'ÉSMIA, la version originale de « La Prière » a été écrite à Tunis en 1938 par l'aspirant Zirnheld, alors professeur de philosophie, et fut retrouvée dans ses biens après son décès.

Venant de Brazzaville, où il avait suivi avec succès un cours d'élève-officier, Zirnheld appartenait au Long Range Desert Group, formation britannique spécialisée dans les raids à longue portée dans le désert, surnommée les « Rats du désert ». Il a été tué le 27 juillet 1942 à l'issue du raid contre l'aérodrome de Sidi-Haneish.

Ardent dans sa foi comme au combat, Zirnheld avait non seulement accepté l'épreuve, mais voulu qu'elle soit à la mesure de son courage et de sa volonté. Sa prière en témoigne : l'heure venue, il était prêt au sacrifice suprême.

COMPLÉMENTS D'INFORMATION

Plus d'informations dans le document « Histoire et traditions de l'ÉMIA ».

Voir le document en cliquant sur l'image.

Insigne Capitaine Bourgin
1961 - 1962
Capitaine Bourgin
Insigne Serment de Koufra
1962 - 1963
Serment de Koufra
Insigne Belvédère
1963 - 1964
Belvédère
Insigne André Zirnheld
1964 - 1965
André Zirnheld
Insigne Cinquantenaire de Verdun
1965 - 1966
Cinquantenaire de Verdun
Insigne Connétable du Guesclin
1966 - 1967
Connétable du Guesclin
Insigne Narvik
1967 - 1968
Narvik
Insigne Libération de Strasbourg
1968 - 1969
Libération de Strasbourg
Insigne Plateau des Glières
1969 - 1970
Plateau des Glières
Insigne Général Kœnig
1970 - 1971
Général Kœnig
Insigne Souvenir
1971 - 1972
Souvenir
Insigne Général Marceau
1972 - 1973
Général Marceau
Insigne Général Brosset
1973 - 1974
Général Brosset
Insigne Capitaine Cazaux
1974 - 1975
Capitaine Cazaux
Insigne Capitaine Cardonne
1975 - 1976
Capitaine Cardonne
Insigne Capitaine de Belsunce
1976 - 1977
Capitaine de Belsunce
Insigne Lieutenant Chezeau
1977 - 1978
Lieutenant Chezeau
Insigne Général Laurier
1978 - 1979
Général Laurier
Insigne Lieutenant-colonel Broche
1979 - 1980
Lieutenant-colonel Broche
Insigne Capitaine Cozette
1980 - 1981
Capitaine Cozette
Insigne du Centenaire
1981 - 1982
du Centenaire
Insigne Lieutenant Leclerc de Hauteclocque
1982 - 1983
Lieutenant Leclerc de Hauteclocque
Insigne Lieutenant Borgniet
1983 - 1984
Lieutenant Borgniet
Insigne Lieutenant de Lattre de Tassigny
1984 - 1985
Lieutenant de Lattre de Tassigny
Insigne Lieutenant Lhuillier
1985 - 1986
Lieutenant Lhuillier
Insigne Dalat
1986 - 1988
Dalat
Insigne Capitaine Legrand
1987 - 1989
Capitaine Legrand
Insigne Valmy
1988 - 1990
Valmy
Insigne Bataillon de Corée
1989 - 1991
Bataillon de Corée
Insigne Général Daboval
1990 - 1992
Général Daboval
Insigne Capitaine Barrès
1991 - 1993
Capitaine Barrès
Insigne Combats de Tu-Lé
1992 - 1994
Combats de Tu-Lé
Insigne Capitaine Maine
1993 - 1995
Capitaine Maine
Insigne Cadets de Cherchell
1994 - 1996
Cadets de Cherchell
Insigne Lieutenant Schaffar
1995 - 1997
Lieutenant Schaffar
Insigne Général Gandoët
1996 - 1998
Général Gandoët
Insigne Grande Guerre
1997 - 1999
Grande Guerre
Insigne Général Bergé
1998 - 2000
Général Bergé
Insigne Campagne d’Italie
1999 - 2001
Campagne d’Italie
Insigne Capitaine Coignet
2000 - 2002
Capitaine Coignet
Insigne Capitaine Biancamaria
2001 - 2003
Capitaine Biancamaria
Insigne Lieutenant de Ferrières
2002 - 2004
Lieutenant de Ferrières
Insigne Général de Lanlay
2003 - 2005
Général de Lanlay
Insigne Colonel Gueguen
2004 - 2006
Colonel Gueguen
Insigne Colonel Delcourt
2005 - 2007
Colonel Delcourt
Insigne Lieutenant de la Bâtie
2006 - 2008
Lieutenant de la Bâtie
Insigne Général Le Ray
2007 - 2009
Général Le Ray
Insigne Capitaine Florès
2008 - 2010
Capitaine Florès
Insigne Colonel du Puy-Montbrun
2009 – 2011
Colonel du Puy-Montbrun
Insigne Général Bigeard
2010 – 2012
Général Bigeard
Insigne Maréchal Bessières
2011 – 2013
Maréchal Bessières
Insigne Ceux d’Afghanistan
2012 – 2014
Ceux d’Afghanistan
Insigne Général Delayen
2013 – 2015
Général Delayen
Insigne Lieutenant Nungesser
2014 – 2016
Lieutenant Nungesser
Insigne Colonel Michel Vallette d’Osia
2015 – 2017
Colonel Michel Vallette d’Osia
Insigne Lieutenant-colonel Mairet
2016 - 2018
Lieutenant-colonel Mairet
Insigne Général Le Boudec
2017 - 2019
Général Le Boudec
Insigne Uskub
2018 - 2020
Uskub
Insigne Armée des Alpes
2019 - 2021
Armée des Alpes
Insigne Général Éblé
2020 - 2022
Général Éblé
Insigne Gergovie
2021 - 2023
Gergovie
Insigne Chef de bataillon Dupin
2022 - 2024
Chef de bataillon Dupin
Insigne En cours de formation
2023 - 2025
En cours de formation

Les promotions de l'ÉMIA depuis sa création en 1961.

Pour interrompre le défilement, survoler le carrousel d'insignes avec la souris.

Les promotions qui disposent d'un site ont leur nom de couleur bleue. Cliquer sur ce nom pour accéder au site correspondant.


Le 14 mai 2011, à l'occasion du Cinquantenaire de l'école, la croix de la Légion d'honneur a été remise au drapeau de l'ÉMIA.


À l'occasion du Cinquantenaire de l'ÉMIA (1961-2011), « L'Épaulette » a réalisé un numéro spécial.