Pourquoi ?
Extraits du livret souvenir de la promotion, daté du 24 avril 1971
Le monde où nous vivons semble parfois s'adapter avec difficulté aux conséquences du progrès technique et scientifique.
Certains esprits troublés en viennent parfois à remettre en question les structures et les valeurs traditionnelles ; à affirmer leurs droits tout en méconnaissant leurs devoirs.
L'armée ne reste pas en marge du progrès, et ses réalisations le prouvent, mais, chargée de l'exceptionnelle mission de défendre la Nation par la force des armes, elle doit, dans un cadre en pleine évolution, préserver le capital de traditions et de vertus que lui ont légué ses glorieux anciens.
Pour l'officier, la voie apparaît toute droite, toute simple, mais qui peut affirmer qu'une carrière ne connaîtra pas des moments difficiles, des moments où le doute s'opposera à la foi, où l'hésitation affaiblira la détermination.
Or si ceux qui manient la force française venaient à se décourager, il n'y aurait pas seulement péril pour la Patrie, mais rupture de l'harmonie générale.
— Général de Gaulle
Pour vaincre le découragement, quels meilleurs guides que les exemples offerts par les grandes figures qui illustrent notre histoire ; cette conviction doit se concrétiser par le choix d'une action, d'une image, d'un nom qui, le moment venu, s'imposera à nous pour galvaniser nos énergies et raviver notre courage.
Le nom de promotion, facteur de rapprochement intellectuel et d'unité de pensée, a valeur de symbole.
Il marque la volonté de cohésion des élèves officiers et garantit une solidarité sans faille lorsque, par la suite, les voies deviendront divergentes.
Il confère l'unité des tendances, provoque l'ardeur et féconde le talent.
Nous avons choisi pour notre promotion une figure exemplaire : le général Kœnig.
Orgueil de la France, il incarne pour nous les vertus de chef. Ses actions d'éclat pendant la première guerre mondiale, son activité inlassable au cours des opérations de pacification du Maroc, le fait d'armes de Bir Hakeim et son œuvre à la tête des Forces françaises de l'intérieur illustrent une existence consacrée entièrement au succès de la France.
Bir Hakeim, et, comme d'ailleurs, les autres succès militaires et politiques du général furent rendus possibles par sa volonté de fer et sa lucidité profonde, mais aussi par une générosité exceptionnelle qui le poussait à se passionner pour les causes les plus humbles et une droiture qui, inspirant d'emblée confiance et respect, lui ont donné une autorité morale incomparable.
Au cœur de chacun de nous existe une force vive, prête à agir et à s'exprimer. L'exemple du général Kœnig la maintiendra toujours en éveil.
S'il le fallait, demain, les élèves officiers de la promotion pourraient être dignes de leur glorieux parrain.